Denis Langlois. Avocat, écrivain, prix littéraire des droits de l’homme 1989, auteur de nombreux livres dont Les Dossiers noirs de la police et de la justice françaises, La Politique expliquée aux enfants et Pour en finir avec l’Affaire Seznec.
Samedi 16 et dimanche 17 novembre 2024, Denis Langlois vous attend au Salon du Livre du Touquet-Paris-Plage, salle des 4 Saisons, avenue de l’Hippodrome, sur le stand de la Librairie Le Furet du Nord.
Sur ce site, L’affaire Seznec en 500 documents et photos.
Le livre " Pour en finir avec l’affaire Seznec " de Denis Langlois bientôt à nouveau disponible en librairie.
Samedi 12 et dimanche 13 octobre 2024, Denis Langlois sera au SALON DU LIVRE "Marque-page", à CÉBAZAT (Puy-de-Dôme), Domaine de la Prade, 46 route de Gerzat, près de Clermont-Ferrand, sur le stand des Editions La Déviation.
.
Samedi 28 septembre 2024, à 15 heures, CONFÉRENCE-DÉBAT à MONNERVILLE (Essonne) : "La Mort du babouin de Monnerville".
.
En août 2024, parution d’un nouveau livre aux éditions La Déviation : La Cavale du babouin.
.
2022 : Parution de La Politique expliquée aux enfants de Denis Langlois, illustrée par Plantu. (Editions La Déviation)
Édition spéciale 1983-2022.
15 avril 2021. "Le Voyage de Nerval" (Gérard de Nerval au Liban), récit de Denis Langlois, paraît aux éditions La Déviation.
22 septembre 2020, à 14 heures, sur Europe 1, Christophe Hondelatte raconte l’affaire Saint-Aubin. Invité : Denis Langlois, auteur de "L’Affaire Saint-Aubin" (éditions de La Différence).
21 septembre 2020, dans "Le Bien Public" (Dijon) : "L’émission de radio relancera-telle la mystérieuse affaire Saint-Aubin ?"
2 octobre 2019, de 20 h à 21 h, l’émission "L’Heure du crime" de Jacques Pradel sur RTL est consacrée à l’Affaire Saint-Aubin. Intervenants : Denis Langlois, Patrick Meney et François Saint-Aubin.
Pour écouter.
24 septembre 2019
Les Éditions de La Différence publient "L’Affaire Saint-Aubin" de Denis Langlois, 205 pages, avec un cahier-photos de 16 pages.
Le 25 octobre 2018, les éditions Scup-La Déviation publient une nouvelle édition complétée de Panagoulis, le sang de la Grèce de Denis Langlois.
Celui-ci, alors avocat de la Ligue des droits de l’homme, a suivi en novembre 1968 en tant qu’observateur judiciaire le procès d’Alekos Panagoulis, jeune militant démocrate, qui fut condamné à mort pour avoir tenté d’assassiner le colonel Papadopoulos qui dirigeait ce qu’on a appelé la "dictature des colonels".
.
Mai 2019, dans Le Monde diplomatique, article de Laurent Bonelli sur "Panagoulis, le sang de la Grèce".
.
30 MAI 2018
VÉRITÉ HISTORIQUE ET VÉRITÉ JUDICIAIRE DANS L’AFFAIRE SEZNEC
"Libre-opinion" de Denis Langlois sur le Site CRIMINOCORPUS.
.
27 MAI 2018
Tribune de Denis Langlois dans "Le Journal du Dimanche" :
POUR LA VÉRITÉ DANS L’AFFAIRE SEZNEC.
.
Le Livre "Et si la révolution était possible" est paru en janvier 2018. Il est en vente en librairie ou peut être commandé aux Éditions SCUP-La Déviation.
.
On trouvera dans la rubrique "Médias" les différents articles et émissions qui ont été consacrés à "Pour en finir avec l’affaire Seznec".
.
Le 25 mai 1923, Pierre Quémeneur, conseiller général du Finistère, parti en voiture de Rennes pour Paris avec Guillaume Seznec, maître de scierie à Morlaix, disparaissait. Ainsi commençait l’Affaire Seznec qui, un siècle plus tard, demeure en grande partie une énigme.
On ne sait pas notamment où, quand et comment Quémeneur a trouvé la mort. On n’a pas retrouvé son cadavre. Conformément aux principes de justice, Seznec aurait dû être acquitté au bénéfice du doute, du moins pour le meurtre de Quémeneur, sa culpabilité pour les faux en écriture étant établie.
Il n’est jamais trop tard pour réparer une injustice.
* DOCUMENT : LE CAHIER SECRET DE SEZNEC
12 juin 2020. Pour la première fois, à la demande de plusieurs passionnés de l’affaire Seznec, Denis Langlois publie l’intégralité de la longue note que Guillaume Seznec rédigea en septembre 1924 pour son avocat, Me Marcel Kahn, en vue du procès de Quimper. Il s’agit d’un cahier d’une vingtaine de pages que Seznec portait toujours sur lui afin de le soustraire à la curiosité des gardiens de la prison. Le style de Seznec a été conservé :
"Monsieur Quéméneur a quitté Landerneau le 24 mai pour se rendre à Rennes où il devait rester m’attendre à l’Hôtel Parisien dans cette ville, chose qui n’a été entendue que le 23 mai, car à notre séparation le 22 à Landerneau M. Quéméneur devait aller directement à Paris par le train où il m’aurait attendu et moi j’aurais fait la route seul avec la voiture Cadillac. Ce n’est donc qu’après notre séparation que Quéméneur change d’idée, prétendant avoir des affaires personnelles à Rennes et qu’il m’attendrait le 24 à l’hôtel Parisien.
Mais mon départ de Morlaix a été retardé par suite d’avaries la veille avec la voiture entre Landerneau et Morlaix. Alors, quand Quéméneur a vu que l’heure du rendez-vous était passée, il a téléphoné chez moi vers 4 heures de l’après-midi pour demander si j’étais parti. Ma femme lui a répondu que j’avais quitté Morlaix vers 10 heures et demie à 11 heures et que je ne devrais pas tarder à arriver. Mais, grâce à des nombreuses difficultés, je ne suis arrivé dans cette ville que vers 7 heures ou 7 heures et demie du soir avec la Cadillac en question qui est de 7 places et 36 chevaux et non de 60 chevaux. Monsieur Quéméneur n’avait pas pu prévoir un petit séjour à Paris, puisqu’il prévoyait tout au contraire un voyage minimum d’un mois, du moment qu’il disait s’engager à livrer le complément de voitures pour fin juin. Melle Quéméneur dit que son frère ne lui avait laissé pour ses dépenses que quelques centaines de francs, mais je vous ferais remarquer que quelques centaines de francs, si seulement c’était vrai, pouvait encore aller loin, surtout étant seule avec sa bonne et ayant toutes les matières premières de leur jardin. En outre, Mr Quéméneur n’ignorait pas que, si sa sœur se serait trouvée au dépourvu, elle aurait su où en trouver car elle n’était pas non plus sans argent. Ayant besoin lui-même d’une forte somme, il ne voulait pas non plus lui en laisser de trop. Maintenant il était fort libre de raconter à sa famille et à sa sœur tout ce qu’il voulait, même de leur dire que l’occasion qu’il avait trouvée venait de moi, c’était son affaire qui le regardait seul.
Le 4 juin Melle Quéméneur est venue me voir à Morlaix à un moment où j’étais prêt à partir pour prendre le train de 3 heures 35 pour Saint-Brieuc. Melle Quéméneur, en rentrant après m’avoir dit bonjour, me fait signe de rentrer de côté, vu qu’elle voyait que j’étais préparé pour aller en voyage et ne voulait pas me causer de son frère en présence de Me Dejagher qui se prononce Dejagre. Je la fait entrer dans la salle à manger et elle me demande si je n’avais de nouvelles de son frère. Je lui ai répondu que non. Je lui demande à mon tour qu’est-ce qu’il devenait, elle me répond qu’elle n’avait pas non plus de nouvelles et qu’elle était inquiète à son sujet. Je n’ai certainement pu que l’encourager, mais pas de la manière qu’elle le prétend. J’étais certainement loin de penser en ce moment à une disparition. J’ai été obligé de prendre congé avec elle en la recommandant à ma femme qui ne la connaissait pas encore, vu que mon train pour St-Brieuc me pressait. Je pars donc en compagnie de Mr Dejagre et en cours de route je lui ai fait part de la promesse de vente que j’avais faite avec Quéméneur de la propriété de Traon-ar-nez et je lui ai dit comment nous avions traité et encore Mr Dejagre m’avait demandé si je ne m’étais pas renseigné au bureau des hypothèques de Guingamp s’il n’y avait pas d’inscriptions sur cette propriété. Je lui ai répondu que je ne croyais pas avoir rien à craindre à ce sujet, vu que Quéméneur était solvable.
Pour que Quéméneur puisse se rendre chez Ackermann, cela lui aurait été assez difficile, car moi-même en lui donnant l’adresse je lui ai mis rue de l’Asile à Paris au lieu de rue de l’Asile à Popincourt, ne me souvenant pas exactement le nom de la rue, mais je savais moi-même où il habitait, ayant déjà été chez lui.
Ce que je puis bien affirmer, c’est que Quéméneur dans la soirée du 25 mai m’a quitté en cours de route pour prendre le train prétendait-il pour arriver plus sûrement à Paris pour le rendez-vous, craignant comme de juste que l’automobile Cadillac qui n’avait que panne sur panne finisse par caler définitivement, et en plus avant de me quitter il m’avait bien recommandé que, si je me voyais l’impossibilité de me rendre ou si je prévoyais que le mauvais état de la voiture la rendait invendable, de retourner avec à Morlaix et de la faire réparer immédiatement par le mécanicien qui était en ce moment à mon service et que, s’il aurait eu besoin de moi soit pour me rendre seul à Paris ou pour amener la voiture de Lesneven, il m’aurait soit téléphoné ou télégraphié. N’ayant donc rien reçu, je n’avais pas à me préoccuper, vu que je n’étais pas associé et pensant peut-être qu’il avait changé d’idée ou il voulait s’occuper de son affaire tout seul. Je ne puis préciser au juste les détails de l’affaire que Quéméneur entreprenait, puisque je ne la connaissais que par les vagues renseignements que Quéméneur lui-même avait pu me donner.
Si j’ai dit Chardy ou Cherdy ce que je n’ai pas précisé parce que je m’imaginais que c’était un nom de ce genre. Ce serait simplement pour vouloir faciliter les recherches. C’est de même pour les adresses que j’ai dû donner. Je répète que je n’étais nullement associé à Quéméneur pour cette affaire, je serais devenu intéressé par la suite peut-être. Il est vrai aussi que Quéméneur m’avait dit que pour des raisons de convenance politique il n’aurait pas voulu qu’on sache qu’il s’occupait d’une affaire de ce genre. Sans doute que ce devait être pour faire sa première livraison qu’il apportait un véhicule qui lui appartenait déjà ; d’ailleurs il est prouvé par l’arrangement qui était entre Quéméneur et moi, qui figure sur l’acte d’accusation mot à mot que Quéméneur était devenu propriétaire de cette voiture par le gage que je lui avais donné au moment où il m’avait versé la somme de 15000 francs et cependant je vous prie de porter votre intention sur l’injustice qui existe à mon égard sur la décision du tribunal de commerce. Pouliquen beau-frère à Mr Quéméneur m’a poursuivi auprès du Tribunal de Commerce de Morlaix en remboursement de cette somme de 15000 francs où j’avais mis en gage ma voiture. Comme le délai du remboursement de la somme était passé il était devenu propriétaire pour la somme indiquée malgré cet engagement de part et d’autre, n’ayant aucune preuve à montrer j’ai été condamné à rembourser aux héritiers Quéméneur la somme de 15000 francs, soi-disant qu’on ne trouvait aucune trace de notre arrangement et aujourd’hui ils viennent dire sur l’acte d’accusation comment Quéméneur était devenu acquéreur de la Cadillac et en plus il figure une preuve de plus, puisque Quéméneur cherchait de tout côté à la vendre, ce qui était son droit. Il serait donc à faire reconnaître que moi en ce moment je ne lui devais rien.
Le 10 juin moi-même j’ai accompagné Pouliquen et Louis Quéméneur à Rennes sur leur demande.
Je n’ai aucune connaissance de ce qui pouvait appeler Quéméneur au Havre, rien dire d’exact de ce je pouvais savoir et de ce que je pouvais me rappeler. Ce que je puis dire que s’il y a eu crime (souligné par Seznec), ce n’est pas par moi. Je n’ai jamais sali les mains ni avec lui ni avec d’autre. Je dis si il y a eu crime, car rien rien ne le certifie, puisqu’il n’y a pas de cadavre, il peut y avoir toute sorte de manière à disparaître.
II
Je n’ai jamais voulu annoter quoique ce soit sur le carnet de Mr Quéméneur qui n’a d’ailleurs jamais été entre mes mains, l’expertise a certainement mal interprété mon écriture. Si j’ai dit qu’il m’avait quitté à Dreux, c’est parce que je me croyais absolument dans cette ville et ce n’est que quand je me suis rendu sur les lieux que j’ai bien reconnu tout de suite que je n’avais jamais été à cette gare et que je ne m’y reconnaissais pas et ce n’est que, quand je me suis rendu à Houdan, j’ai reconnu à l’instant même que c’était bien dans cet endroit que j’avais quitté Quéméneur le 25 mai au soir. Et aussitôt j’ai reconnu également l’Hôtel du Plat d’étain où nous avons mangé, ainsi que le quincaillier qui m’avait vendu une lanterne arrière.
Mais je dis bien que je me suis rendu chez ce quincaillier à huit heures et quart ou huit heures et demie au plus tard et j’ai laissé Quéméneur en face de l’hôtel de la gare à neuf heures et quart ou neuf heures et demie au plus tard et j’ai continué seul la route de La Queue les Yvelines ; ce qui est d’ailleurs reconnu que je me trouvais à quelques distances d’Houdan à quelque peu d’intervalle à faire une réparation et le témoin précise que j’étais seul en ce moment et même il m’aurait demandé si je n’avais pas besoin d’un coup de main et c’est tout juste s’il commençait à faire nuit en ce moment.
Inutile donc que je vous répète que je ne pouvais pas être dans la cour de la gare plus tard que 9 heures et demie. La thèse de l’accusation n’est pas du tout confirmée par les époux Jeangirard qui disent se mettre à table vers 8 heures et restent environ une demi-heure, mais ils ajoutent qu’ils n’affirment pas avoir fini de manger à notre arrivée.
Quant aux époux Piau, leur déclaration est entièrement ignoble quand ils viennent affirmer nous avoir reconnus dans la voiture par derrière malgré la capote levée et avec les rideaux de côté en place. Pour Garnier c’est également une fausseté quand il vient dire avoir reconnu Quéméneur, une personne qu’il n’avait jamais vue que par la photographie avec la police mobile dans une voiture fermée et d’après lui la nuit, et moi qui d’après ses dires aurais descendu, il me voit aujourd’hui en personne il ne me reconnaîtrait pas. Deuxièmement il déclare encore que nous avions demandé à haute voix la route de Paris. Alors que son camarade Nouvion qui était avec lui vient affirmer qu’aucun de nous n’avait adressé la parole. Il est donc certain que ces témoins sont faux ou ils se trompent de véhicule.
Vous noterez aussi que tous ces témoins n’ont précisé aucune date, ils disent simplement vers la fin de mai et ils ajoutent que journellement il y avait des automobilistes qui se trompaient et qui arrivaient dans la cour de la gare à toute vitesse. Je puis vous dire que pour moi ce n’est pas le cas, car je connaissais parfaitement la route que j’avais à prendre. Je puis donc affirmer que ces témoins s’ils croient dire vrai qu’ils se trompent de véhicule. Et que si Quéméneur a pris le train à Dreux il a pu soit prendre cette direction par le train ou par tout autre moyen pour prendre le train pour Paris.
Monsieur Quéméneur en me quittant a emporté sa valise, quoique la thèse d’accusation vient dire que Melle Conogan avait vu cette valise dans la voiture dans la cour de l’hôtel à La Queue les Yvelines, ce qui est absolument faux, car cette demoiselle a dit simplement qu’elle avait vu une valise dans la voiture mais qu’elle ne pouvait spécifier ni grandeur ni forme, ce qu’elle pouvait dire c’est qu’elle était d’une couleur rougeâtre dans le genre de la valise du disparu, or ma petite valise n’est distincte de celle de Quéméneur que d’une très petite nuance qu’elle pouvait très bien les confondre surtout 7 ou 8 mois après sinon davantage.
Je ne me suis pas du tout reposé dans cet endroit, je me serais plutôt beaucoup fatigué pour faire la réparation de 3 pneus comme je l’ai fait. Seuls ceux qui ont des voitures Cadillac avec roues d’origine peuvent imaginer le travail que j’ai dû avoir, d’avoir travaillé de 8 heures du matin jusqu’à midi sans discontinuer. Je me reposais plutôt quand j’étais au volant. J’avais eu avant à 4 ou 5 kilomètres au-delà de La Queue Les Yvelines une autre crevaison à la roue arrière gauche et c’est là, vu que je n’avais plus aucun moyen de réparation et me sentant pas encore très loin d’un village que j’avais passé, ce qui m’avait décidé à faire demi tour et d’essayer de rejoindre ce village à plat où je comptais trouver asile et aussi par la suite trouver peut-être des pneus de rechange ou du moins de quoi réparer ; je vous dirais que je ne connaissais pas l’importance de cet endroit, mais à peine ai-je fait quelques centaines de mètres que le pneu part avec la jante. J’étais donc tenu de rouler directement sur la roue si je voulais continuer ou de ne plus bouger et je crois que la dernière méthode était la meilleure, car il y aurait longtemps que j’aurais fini mon trajet que je n’aurais plus eu de roue surtout avec une voiture de ce poids.
Je n’avais dans ce cas qu’à attendre qu’une voiture ou camion passe qui aurait pu me prêter un cric un instant. En attendant donc, dès que le jour me l’a permis, je me suis mis à faire une réparation sommaire. Or quand une camionnette du garage Renault ou représentant cette marque a passé il n’y avait plus qu’à mettre la jante en place qui n’avait donc pas retardé beaucoup l’automobiliste et, malgré toutes mes insistances pour faire appeler cet automobiliste, on ne l’a pas fait venir. Ce pourquoi je dis que c’était un employé de cette maison, c’est parce que à mon retour à quelques centaines de mètres de Dreux, peut-être même à un kilomètre, ce même automobiliste m’avait repassé alors que j’étais encore arrêté avec des ennuis de moteur et il a également stoppé pour me demander si je n’avais pas besoin d’un coup de main et que si j’avais besoin de réparation je n’avais qu’à aller au garage Renault qui était son patron. Cette camionnette c’était une Dodge.
C’est dans l’endroit où j’avais eu recours à un cric que j’avais également pris un bidon d’essence à un autre, mais ce n’était pas du tout que j’étais en panne d’essence, c’est par exemple dans la crainte de le devenir, car j’avais beaucoup gaspillé par mes ennuis fréquents et je ne tenais pas à en créer d’autres de ce côté. Mais la réparation n’était que de fortune, je continue vers La Queue les Yvelines et en effet encore à quelques distances de ce village j’ai crevé à nouveau, mais la fuite n’étant pas très forte, je réussissais de faire quelques centaines de mètres sans regonfler, mais à force de gonfler et de regonfler cela a fini par ne plus tenir du tout.
Je suis donc arrivé à l’hôtel de La Queue les Yvelines à plat à force de précaution : vous remarquerez donc le temps que j’ai mis pour faire 4 ou 5 kilomètres, puisque je suis parti à 5 heures environ et arrivé dans la cour de l’hôtel à 8 heures ou 8 heures 1/2. Dans cette localité je me suis donc débrouillé à trouver le nécessaire pour la réparation, quoiqu’il n’y avait pas de garage. Je vous répète que, quand j’ai demandé un bidon d’essence sur la route au-delà de La Queue les Yvelines, ce n’est pas que j’étais en panne d’essence, mais je craignais qu’un autre ennui m’arrive de ce côté, sachant le gaspillage que je faisais surtout avec les difficultés que j’éprouvais à chaque instant et d’ailleurs qu’est-ce qu’un bidon de 5 litres d’essence représentait pour un moteur de cette importance et en mauvais état ? Cette quantité ne représente rien dans un tel réservoir, surtout avec un réservoir à aspiration par pompe où les tuyautages avaient plus ou moins de fuites et pour avoir marché de 5 heures 1/2 à 8 heures. Car vous pouvez comprendre que, pendant que je gonflais, je ne stoppais le moteur que le moins souvent possible, car il n’était pas facile à remettre en marche.
III
Quant à la journée du 13 juin je me trouvais à Brest et non au Havre ou je déclare et certifie n’avoir jamais mis les pieds, et certainement plusieurs à Brest pourraient fournir la preuve s’ils osaient ou s’ils se souvenaient. Je suis bien parti de Morlaix pour Treguier le 12 juin pour essayer de faire embaucher mon camion pour le transport de pommes de terre et, si j’ai abandonné ma voiture dans le verger de la veuve Jacob, ce n’est certainement pas avec l’idée de ne pas pouvoir me rendre à Plouaret avec, car il n’y a que descendre, mais je prévoyais qu’arriver sur plat en plein bourg que je reste en panne définitive avec une voiture non déclarée à la régie et dépourvue de carte grise et je n’étais pas sans le savoir que cela allait chercher très loin. J’aimais mieux m’arrêter à temps pour éviter toutes surprises et descendre à pied, croyant peut-être trouver le nécessaire pour une réparation sommaire. Je me suis occupé à trouver ce qui me fallait. Voilà pourquoi je suis allé directement chez un petit garagiste ou plutôt marchand de vélos à ce sujet où je n’ai pas trouvé ce qui me fallait et, comme je n’avais pas de train pour m’en retourner à Morlaix ce soir-là, j’ai trouvé plus prudent d’aller directement à St-Brieuc où je croyais être plus certain de trouver le nécessaire.
J’avais pris un aller et retour de Plouaret à St-Brieuc et s’ils avaient voulu faire les recherches à ce sujet, ils auraient bien trouvé la preuve dans cette ville. J’ai trouvé ce qui me fallait pour ma réparation et j’ai couché dans un hôtel il me semble aux environs du centre et j’ai dit qu’en allant sur les lieux je l’aurais sans doute reconnu, mais la justice s’est abstenue de crainte que je prouve que mes dires étaient véridiques. Quoique cependant pour des points moins importants j’ai été transféré sur les lieux.
Dans la nuit l’idée me vient que j’avais d’aller à Brest le 13, alors je prends l’omnibus qui se rend à Brest à 10 heures et dans cette ville je sais avoir tranché ce jour-là des affaires commerciales autres que celle de Métais qui vous affirme m’avoir vu entre la date du 10 et du 15 juin. Or je n’ai pu avoir été aucun autre jour. En plus il y aurait lieu de demander à Métais de voir son carnet de note, car je me trompe beaucoup s’il n’avait pas inscrit la date de notre rendez-vous sur son carnet. J’ai également dû percevoir quelques fonds ce jour, mais je ne me rappelle pas pour le moment avec qui.
Ce qui suit pourra encore prouver que je n’ai pas pu aller au Havre dans la journée du 13 juin, puisque le 14 les Jacob viennent préciser qu’au moment où l’express de Paris-Lannion passait j’étais chez elle. or j’étais déjà dans la ferme depuis un moment, vu que j’avais toutes mes réparations terminées prêt à partir et que c’est le seul train qui pouvait me ramener de Paris, puisque le rapide de Paris-Brest ne s’arrête pas dans cette localité, surtout que la veuve Jacob affirme qu’elle ne se trompait pas d’heure, qu’il était bien 7 heures, vu que le train de Lannion passait au moment où je me trouvais dans sa maison. Ce qui prouve encore en plus que les Gadois se sont trompés, d’ailleurs ils ne disent pas m’avoir reconnu formellement. Je vous ferais en outre remarquer qu’il faut au moins 1 heure ou 3/4 d’heure pour venir de la gare à cette ferme, surtout avec un colis du poids qu’ils prétendent, si même on peut faire le trajet avec. Je ne connais pas au juste son poids, mais il me semble un colis assez difficile à porter. Mais à cela moi je prétends avoir même quitté cette ferme bien avant 7 heures puisque j’étais à Morlaix à 8 heures et, si je suis allé en bicyclette ce jour prendre ma voiture, c’est de façon à arriver de bonne heure à Morlaix, toujours parce que ma voiture n’était pas déclarée ni munie de carte grise. Je n’ai donc pu aller au Havre le 13 juin puisque j’étais chez la veuve Jacob le 14 avant l’arrivée du train même à la gare de Plouaret. C’est également bien prouvé que j’étais bien avant midi à Morlaix, puisque j’ai eu la visite de Mr Le Gall huissier vers 10 heures.
Le 13 au soir j’ai couché chez moi dans la chambre à dormir, pour laquelle raison ma femme et la bonne qui n’avaient pas vu que j’avais passé la nuit se demandaient comment ce lit se trouvait démoli. Je les ai laissées sans leur donner aucune explication et vous remarquerez que, malgré le témoignage de Mr Bienvenue qui était en ma faveur, vu qu’il venait affirmer que j’étais chez lui le 14 à 8 heures du matin, ce qui venait prouver que j’étais obligé d’avoir quitté cette ferme à Plouaret avant 7 heures pour être à St-Brieuc à huit heures, j’ai fait tous mes efforts pour le combattre, car je voulais simplement faire connaître la vérité.
Le 20 juin pas plus que le 13, je n’ai pas été au Havre. Comment l’accusation peut-elle croire que je serais allé au Havre le 20 avec la valise de Quéméneur puisque déjà le 13 d’après les témoins j’aurais transporté cette valise au Havre et elle n’aurait été découverte que le 20 dans cette ville ? Où aurais-je pu la mettre pour attendre cette date ? Ou peut-être d’après eux j’aurais été assez imprudent pour me balader avec cette valise, si je m’étais surtout trouvé dans les conditions qu’ils le prétendent. Pour les deux témoins qui prétendent m’avoir vu au Havre le 20 ils ne se trompent pas mais sont absolument faux.
Même le juge d’instruction de Morlaix l’a bien reconnu de lui-même. Quand il vient me dire qu’il était inutile de faire tant de recherches pour le témoin que vous prétendez avoir voyagé avec vous le 20 de St-Brieuc à Morlaix, car votre voyage du 20 n’est pas du tout prouvé, je ne porte pas grande importance à ces deux témoins et cela ne fera que retarder votre affaire et vous ne passerez pas à la session d’avril et, dans le contraire si vous renoncez à ces recherches, ce sera sûrement prêt pour alors. Voilà dans quelle condition j’ai renoncé à ces recherches.
En effet Mr le juge d’instruction reconnaissait bien leur fausseté quand Desknuydt vient affirmer plusieurs mois après m’avoir vu au Havre à la date du 20 portant en mains 2 valises qu’il reconnaissait absolument, vêtu d’un costume gris très usagé même les bordures démolies avec lunettes noires et le même chapeau que je portais à l’instruction. Je lui ai fait remarquer premièrement que je ne possède aucun costume de cette nuance ni bon ni mauvais, deuxièmement je ne porte jamais ni de lunettes ni de conserves et troisièmement le chapeau que je portais ne m’appartenait pas, qu’on me l’avait donné à la Sûreté générale à Paris et que je n’avais aucun de cette forme et en plus le témoin dit avoir reconnu tous ces détails en moins d’une minute de temps, seulement pour m’avoir vu passer. Quant à Lesbas il vient dire 7 ou 8 mois après m’avoir vu aussi, mais je ne portais pas de lunettes, rien qu’une seule valise et vêtu d’un costume noir ; vous remarquerez également que ces 2 témoins m’ont vu à quelques minutes d’intervalle et en plus vous porterez votre intention que Lesbas a déclaré qu’il est venu témoigner parce que Desknuydt est allé le trouver pour qu’il vienne.
IV
Si j’ai demandé 15000 francs à Quéméneur le 15 octobre 1922, ce n’est pas que je ne pouvais pas réaliser cette somme puisque je mettais sous caution plus que la valeur entre ses mains en donnant comme garantie ma voiture. Si plus tard je devenais encore sous le coup d’une saisie au mois de mai 1923 c’est encore pour un jugement rendu en faux contre moi, vu que le tribunal de commerce de Morlaix a compris comme titre un marché qui était discuté. Ce n’est donc pas un titre d’ailleurs, la cassation le démontrera. En plus Mr Croissant qui m’empêchait inutilement d’un autre côté de percevoir la somme de 25000 francs qui me revenait de la vente d’un immeuble, ce qui ne facilitait pas non plus mes opérations.
Non seulement que les postiers du n°3 avaient tout d’abord dit que la lettre recommandée avait été réclamée le 26 et non le 2, mais ils m’ont été présentés tous les 3 ensemble à la Sûreté générale, mais au lieu de dire qu’ils me connaissaient pour être celui qui avait été réclamer la lettre, ils ont répondu spontanément ensemble : ce n’est pas lui, et même en faisant un drôle de geste et gesticulant fortement la tête. Je n’ai jamais voulu prétendre que j’étais à une autre date que le 2 juin à Paris, car j’ai tout de suite déclaré le motif de mon déplacement et en indiquant Mr Gautier qui pouvait le prouver.
J’ignore par exemple si la valise de Quéméneur est tachée de sang et certainement que cette valise n’a pas été expertisée à son départ de Landerneau et en plus, s’il y aurait un meurtre dans l’auto, elle aurait été sûrement souillée de sang, ce qui n’est pas le cas. Quant au bidon d’essence, personne n’a jamais dit qu’il était taché de sang humain. Si seulement sang il y avait, quoique il se peut qu’en s’écorchant même la main cela aurait pu se produire, et de quand était cette tache tout le monde ignore ou peut-être encore une tache rougeâtre qui paraissait être du sang. Comme par exemple sur le chapeau que je portais et qui cependant a été reconnu que ce n’était pas une tache de sang. Tous les vêtements que j’avais sur moi ont été trouvés. Je portais le costume que j’avais à l’instruction en plus un paletot bleu et un veston marron dont je me servais pour les réparations au moment de mes pannes. Quant au vieux pardessus qu’ils ont trouvé chez moi avec la doublure déchirée, je ne l’avais pas puisque je n’avais aucun ce jour-là, il se peut très bien qu’il se trouve une légère tache de sang sur le col, car je ne suis pas exempt de n’avoir jamais saigné de ma vie.
Si j’avais remarqué quand j’aurais oublié mon cric sur la route, je ne l’aurais pas perdu, car c’était pour moi un outil indispensable, surtout aménagé de pneus desséchés et en si mauvais état, et même si j’aurais eu recours à un poids quelconque comme va prétendre l’accusation, j’aurais bien trouvé soit un caillou ou tout autre objet avec la pesanteur et je n’aurais pas été me démunir d’un outil aussi précieux. Cette thèse d’ailleurs ne peut ressembler à personne à une vérité, car n’importe quel lacet soit même en fer aurait fini par se ronger, casser ou pourrir dans l’eau ou encore le corps aurait cédé et il serait toujours venu à la surface depuis longtemps. En plus pour aller faire cette disparition dans la Seine il aurait fallu rentrer dans Paris et passer les octrois. Ce qui me paraît encore infaisable et que personne n’oserait entreprendre un travail de ce genre.
La consommation d’essence n’est pas du tout anormale, il faut s’en être servi pour le savoir, d’ailleurs toutes ces voitures dépensent un minimum de 25 ou 30 litres aux 100 kilomètres, quand ce n’est pas 35 sans qu’elle ne soit d’une force de 60 chevaux comme veut dire l’accusation et je vous ajouterais encore en plus que la voiture n’était pas en état de marche normale. Prenez si vous voulez comme exemple le trajet de Landerneau à Morlaix, j’ai mis 50 litres à Landerneau et 45 litres à Morlaix = 95 litres, si donc le réservoir ne contenait que 75 litres. Comme dit l’accusation j’aurais donc dépensé 20 litres pour faire 40 kilomètres, ce qui ferait 50 litres aux 100 kilomètres, mais je suis persuadé que le réservoir contient plutôt 80 litres. Evidemment que les 50 litres que j’aurais mis à La Queue les Yvelines n’auraient pas rempli un réservoir de 80 litres quand même il y aurait eu 15 à 20 litres dedans, mais vous pouvez contrôler ma consommation d’essence en allant qui est de 50 litres à Landerneau, 45 à Morlaix et 60 à Vitré. Je répète donc 50+45+60 =155 litres, le trajet parcouru est environ de 530 à 540 kilomètres, admettons même à 530 kilomètres parcourus et qu’il ne reste plus une goutte dans le réservoir, cela me ferait encore 28 ou 29 litres aux 100 kilomètres, ce qui vous prouve donc que la consommation n’était pas anormale malgré la mauvaise marche de la voiture.
Le témoignage de Legrand représentant de commerce qui prétend me reconnaître pour avoir voyagé avec lui de Rouen au Havre se trompe sûrement d’ailleurs. La personne qui était avec lui ce jour-là n’avait pas du tout mon signalement, puisqu’il dit me reconnaître surtout parce qu’il avait son œil droit plus petit que le gauche et porteur d’une valise conforme à celle de Quéméneur. Or, je n’ai jamais remarqué en me regardant dans la glace que je pouvais avoir un œil plus petit l’un que l’autre et personne ne me l’a non plus signalé ; mais je vous ferais cependant remarquer qu’au moment où on m’a photographié à Paris le soleil me donnait sur la figure et j’ai dû fermer un peu l’œil. Il aurait donc pu voir ma photographie avec la Secrète, mais ne m’avait jamais vu en personne.
Il peut être également prouvé que j’ai quitté ma voiture de la ferme de Lanvain sans aucun colis ni valise et partout ceux qui m’ont vu à Plouaret ne peuvent non plus dire que j’étais porteur d’une valise. Quant à son compagnon de voyage il a également déclaré pour la seconde confrontation, quand on lui a demandé s’il me connaissait, il a répondu moins bien cependant que la première fois. Notez cette réponse, Mr le juge d’instruction n’a pas voulu noter cette parole sur son rapport. Cependant c’est exact, je l’ai d’ailleurs dit immédiatement à Mr Le Hire qui l’a également compris comme moi. J’ai omis de vous dire que Legrand a également déclaré que la personne qui a voyagé avec lui ne portait pas de faux col, or je ne voyage jamais sans faux col et encore ceux de Plouaret peuvent le préciser que je l’avais ce jour-là.
Pour la machine à écrire, je ne l’ai jamais vue avant qu’on me l’ait présentée à l’instruction et, en admettant que j’aurais eu besoin d’une machine à écrire, j’en avais une à ma disposition, que j’avais prêtée à Mr Duchêne. J’aurais été donc quitté d’en acheter surtout que je n’avais nulle intention d’en faire le commerce. Inutile de vous dire que l’endroit où on m’a signalé avoir découvert cette machine était libre à tout le monde et sans aucune fermeture et même mes employés pourraient peut-être attester qu’ils fréquentaient très souvent ce grenier et qu’ils n’ont jamais vu de machine à écrire. Sûrement donc cette machine, si du moins on l’a trouvée dans cet endroit, a été amenée après mon arrestation, car avant elle n’y était pas, c’est encore un coup de vengeance.
V
Ce qui vous prouve que l’acte n’est pas faux puisqu’il se trouvait dans le portefeuille même de Quéméneur, alors que moi je n’ai pu avoir vu Quéméneur depuis le 25 mai. Or il est bien prouvé que Quéméneur circulait toujours le 26, 27, 29 et le 30 mai, car il n’est pas admissible que tout ce monde ait eu des visions fausses si réellement il n’aurait pas existé.
Premièrement Mr Danguy de Désert dont Mr le Procureur de Morlaix faisait allusion dans son rapport qu’il a envoyé à Rennes dans les termes suivants : Il ne peut pas être vrai que Mr Le Her ait pu voir Mr Quéméneur à Paris le 26 à 6 h 30 du soir puisque Mr Danguy de Désert l’a vu à Rennes dans l’après-midi. Mais je vous ferais remarquer que Danguy de Désert n’a pas affirmé que c’est le 26 qu’il l’aurait vu, mais il a dit qu’il est parti de Landerneau le 26 pour la communion de sa fille et qu’il est revenu le 11 juin et c’est dans le cours de son voyage qu’il l’aurait vu. Serait-il possible simplement qu’il l’ait vu le 26, c’est plus que vrai quand même qu’il ne pouvait être mort le 25.
Monsieur Le Her est bien plus précis puisqu’il dit lui avoir tenu conversation pendant 1/4 d’heure et précise la date par des réalités et qu’il a fait sa déclaration dès les premiers jours après mon arrestation et que la Secrète cachait sa déposition. Il n’est pas moins vrai que Mr Danguy de Désert a également fait sa déclaration à Mr Binet dès les premiers jours et ce n’est par la force des choses pour vouloir démolir par là la déposition à Le Her il vienne faire état 6 mois après qu’ils avaient déjà sa déposition. Maintenant Mr Lajat dit également être à peu près certain de l’avoir vu dans la rue de Rennes à Paris, il est de même pour Le Berre qui l’aurait vu au restaurant de Versailles à Paris. Il me semble donc qu’il est bien prouvé qu’il existait bien après la date dont j’ai été accusé de l’avoir assassiné. Il me semble aussi que Melle Quéméneur a été trouver Mr Lajat pour lui dire de ne pas dire surtout qu’il avait vu son frère ; cela signifie peut-être beaucoup de choses.
Il y a eu également quelqu’un, il me semble une jeune fille, qui l’aurait vu au Havre le 20 juin, mais j’ai voulu voir la déposition de cette personne, ce que le juge d’instruction m’a souvent promis de me le faire, mais il s’est toujours abstenu et j’ai également voulu qu’elle soit appelée à l’instruction, mais toujours sans résultat.
VI
Si j’ai écrit un mot un jour pour vouloir le passer en secret à ma femme, c’est de voir tous les mensonges qui se formaient contre moi, ne sachant pas ce qui se passait au dehors et vous pouvez comprendre qu’on m’annonçait toujours le double de ce qui existait, mais ceci n’a rien pu faire du moment qu’il a été saisi sans qu’il ne soit vu de ma femme. Si j’ai voulu m’évader c’est simplement pour vouloir aller chez moi et voir ce qui se passait, désespéré d’avoir appris par les gendarmes que ma femme allait également être arrêtée. Je me demandais donc ce qu’auraient pu devenir mes enfants chagrinés et en plus le mauvais traitement que je subissais moi-même, j’aurais fait n’importe quoi, même me suicider par moment, pour que tous ces mensonges finissent, pour qu’on laisse les miens tranquilles.
Je suis cependant pas de mauvaise origine, car remontez même à plusieurs générations en arrière et jamais aucun de ma famille n’a jamais été condamné, pas même inculpé pour quoique ce soit. J’ai été moi-même très bien élevé au collège de Poncroix jusqu’à un certain âge. J’ai perdu mon père à l’âge de 5 ans et après mes classes j’ai aidé ma mère à diriger une grande ferme, d’où je suis allé au régiment où je n’ai jamais subi aucune punition. Je suis revenu à mon foyer jusqu’à mes 28 ans, d’où je me suis marié avec la fille d’un commerçant très honorable de la même localité où j’ai tenu pour mon compte un magasin de bicyclettes. Là j’ai eu un accident de brûlure pendant ma dernière période de 28 jours en 1909 pendant une permission de 24 heures, le 2 novembre, à 2 heures du matin en voulant faire du sauvetage dans mon magasin qui était attenant au magasin de fourrage et d’engrais qui était déjà en feu quand le monde s’est levé. Le magasin a sauté par suite d’une explosion d’essence produite sans doute par l’essence, le caoutchouc et le carbure qu’il contenait. À la suite de mon accident, étant assuré sur les accidents personnels, j’ai été en procès avec la compagnie La Foncière et elle a été condamnée d’avoir à me verser pour défiguration et incapacité de travail la somme de 30.000 francs plus les intérêts à 4%. Monsieur Le Hire doit détenir les expertises de différents médecins.
Quant à mon honorabilité commerciale, elle peut être considérée équivalente à celle de n’importe qui, car je n’ai su que faire le bien quand j’ai pu. Ce n’est pas parce que je faisais d’autres commerces que le commerce de bois qu’il n’était pas honnête. J’achetais n’importe quoi pourvu que je croyais gagner dessus, mais je n’ai jamais rien acheté contraire à la loi ; et il a fallu que je fasse du commerce de tout, cela pour pouvoir arriver à me monter mon usine pour me permettre à payer les employés que j’employais , à mes agrandissements vu que mon installation n’était pas encore terminée et que je faisais tout ce travail par mes propres moyens et qu’il n’y avait pas question d’une compagnie où il aurait eu pour débuter un capital de plusieurs millions.
Je sais que j’avais des jaloux jusqu’à un jour on a voulu m’inculper de recel de voitures automobiles américaines, mais j’ai aussitôt produit immédiatement la provenance de mes voitures avec les reçus de commerçants patentés à l’appui et acheté à des prix commerciaux, donc le tout a été clos immédiatement. Qu’ont-ils donc à me reprocher à ce sujet ? En outre ils viennent prétendre aujourd’hui par leur acte d’accusation que j’ai déjà été soupçonné d’incendie volontaire dans la blanchisserie de Tremilleau en St-Pierre Quilbignon. Eh bien il a fallu que ceci vienne pour m’en causer. Certainement j’aurais été loin même de penser à tant, mais je croirais que c’est l’accusation pour me charger qui l’aurait inventé, car il y avait déjà 2 ans avant l’incendie que je n’étais même plus propriétaire du fonds et que même le fonds aurait encore été recédé avant l’incendie.
Je vous répète que je n’ai non seulement jamais été condamné, mais je n’ai jamais même été devant le tribunal correctionnel pas plus qu’aucun des miens.
Je vous prie donc, Mr Kahn, de vouloir bien plaider mon innocence en tout et pour tout, car je ne sens rien à me reprocher. Si vous avez besoin d’autres renseignements, veuillez me les demander. Vous m’excuserez que ce cahier n’est pas propre, car je le traîne continuellement dans mes poches, rapport aux curieux.
Agréez, cher Mr Kahn, mes sentiments les plus sincères.
Guillaume Seznec
Sur ce site, l’affaire Seznec en 500 documents et photos.
.
Le livre de Denis Langlois "Pour en finir avec l’Affaire Seznec" avec 16 pages de photos, à nouveau disponible. Du même auteur : L’Affaire Saint-Aubin .
.
Vérité historique et vérité judiciaire dans l’affaire Seznec
"Libre-opinion" de Denis Langlois sur le Site Criminocorpus.
COMMENT PIERRE QUÉMENEUR A VRAISEMBLABLEMENT TROUVÉ LA MORT EN MAI 1923 À MORLAIX.
Pour la première fois, Denis Langlois donne connaissance ci-dessous de l’intégralité du témoignage que Petit-Guillaume Seznec, fils de Guillaume Seznec, a confié en janvier 1978 à son neveu Bernard Le Her. Une partie de ce témoignage a été publiée en 2015 dans le livre "Pour en finir avec l’affaire Seznec".
L’essentiel de ce témoignage vient d’être confirmé le 6 mai 2018 sur "France 2" (émission d’Anne-Sophie Martin) et dans "Le Télégramme" de Brest (article de Hervé Chambonnière) par deux des petits-fils de Guillaume Seznec : Jean-Yves et Gabriel Seznec.
Marie-Jeanne Seznec et ses enfants. Photo prise en 1923, alors que Guillaume Seznec est emprisonné. Petit-Guillaume Seznec est le deuxième à partir de la droite.
Livre paru le 12 février 2015 aux éditions de la difference
ISBN 978-2-7291-2157-0
384 pages - 22 €